
« Alors que l’Union européenne continue d’accorder à la Tunisie davantage de moyens pour surveiller ses côtes et tenter de mettre fin aux tragédies dues aux flux migratoires, des preuves attestent l’implication directe des garde-côtes tunisiens dans des manœuvres dangereuses qui ont coûté la vie à des dizaines de migrants », ont souligné lundi 56 organisations et réseaux de la région méditerranéenne, dans un communiqué conjoint.
Dans un communiqué intitulé « Politiques meurtrières en Méditerranée : pour mettre fin aux naufrages suspects au large des côtes tunisiennes », les signataires ont indiqué que les pratiques de la Garde maritime, telles que rapportées par des migrants, sont «plus que préoccupantes » et ont été la cause de plusieurs décès, comme ce fut le cas le mois dernier, lorsqu’un bateau a percuté une embarcation transportant des migrants, qui serait à l’origine de la mort par noyade de trois enfants, selon des médias italiens.
Les signataires ont précisé que la transformation des côtes tunisiennes en un cimetière marin n’est pas seulement due aux pratiques des Gardes maritimes tunisiennes, mais s’inscrit plutôt dans le cadre du renforcement des opérations de contrôle tout au long des routes migratoires, pour réduire le nombre des arrivées de migrants sur les côtes italiennes.
Les organisations et réseaux de la région méditerranéenne ont souligné que la Tunisie a été, non seulement exploitée par l’Italie en matière de migration, mais aussi par l’Union européenne, et assume depuis quelques années un rôle majeur dans la surveillance des routes migratoires en Méditerranée et en Europe, lit-on dans le même communiqué.
Ces organisations ont souligné la multiplicité des cas de disparition d’embarcations de migrants et la propagation des épaves au large des côtes tunisiennes, transportant des migrants qui avaient tenté de rejoindre l’Italie, au cours de ces deux dernières années.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux a identifié 575 victimes et personnes disparues du début de l’année à fin novembre 2022, des chiffres qui ne tiennent pas compte du nombre des victimes de naufrages qui disparaissent sans laisser de traces et mettent les familles et les proches dans l’incertitude, selon ce communiqué.